Ces fenêtres où danse sans bruit (FR)

Ces fenêtres où danse sans bruit la vapeur des rideaux évoquent pour moi des souvenirs de trentenaire des années quatre-vingt et le spleen de ces années-là.

Ma triste province de Champagne où l’amie Hollandaise me donnait alors les premiers cours de néerlandais devant un bœuf bourguignon mitonné par sa sœur et venu des Pays-Bas dans un Tupperware.

 La « Grande Bourgogne » revue en quatre assiettes et quelques verres de vin en quelque sorte…Pays-Bas et Basse-Flandre en route pour Salins…je m’égare…

 

Cette cassette qu’elle m’avait donné – Boudewijn de Groot – et parmi les chansons qu’il interprétait alors :

« de Noordzee » et « Morgen » qui commençait ainsi… 

 De dag komt liefste, de dag

De zon door de gordijnen…

 …et voilà tes photos innocentes et terribles qui me plongent dans un passé qui ne me semble pourtant pas si loin…

 …et puis la mention « Saint-Raphaël 1911 » m’emporte vers d’autres lieux et d’autres temps ; je pense à Matisse qui – à quelque temps de là – a tant peint de lumière maritime vue à travers une fenêtre dans ce sud que je connais si peu. Des fenêtres qui laissent l’imagination vagabonder parce qu’elles en disent tant en si peu de traits et d’horizon.

Je pense aussi à ce nom de Van Gogh qui a su si bien capter la lumière de Provence et dont aucun Français ne fait l’effort de prononcer correctement le nom…

…Vincent….il signait seulement Vincent comme le maître incontesté de la lumière du Nord signait seulement Rembrandt…

 …les rideaux de ta chambre bercent en silence des souvenirs un peu assoupis en moi et qui n’ont besoin que de peu pour frémir et s’éveiller.

 Jabberwocky, Créteil septembre 2012


Leave a comment